Les impressions de notre envoyé (trés) special François Belorgey après sa visite de Rétromobile
L’échelle des valeurs
Chaque février, depuis les années soixante-dix, je monte à Paris pour participer à ce pèlerinage automobile.
Mon âge, disons avancé, me permet de me souvenir des premières éditions qui se tenaient à l’ancienne gare de la Bastille. De tout était exposé, autos, motos, bateaux, maquettes et je m’étais alors intéressé à une défraichie, mais séduisante, Georges Irat. Un petit regret, mais j’étais alors un jeune époux et rallyman limant les spéciales avec une incontournable Simca Rallye 2 équipée de pneus Michelin FF et mon compte en banque était loin d’un compte épargne. À la Bastille s’est également tenu un salon de la voiture et de la moto de course, parrainé par notre héros, Jean-Pierre Beltoise. J’ai égaré, aux fins fonds d’un carton, une mauvaise photo du 50 Bultacco exposé du champion de monde (13 titres) Angelo Nieto.
Quelques années plus tard, la Bastille était, une seconde fois, rendue aux démolisseurs. L’histoire est un éternel recommencement. De la Bastille, nous sommes donc passés à Versailles, pas au château, mais à la porte.
Quelques jours avant le salon, je suis hésitant, mais, en hiver, nos amours à quatre roues sont un peu sur cales donc je me décide. Et je l’avoue, je suis toujours saisi dès l’entrée. Je regarde rapidement le stand Renault, malgré la superbe présentation de ce magnifique avion bleu Caudron Renault. Sous une aile, une étrange Dauphine de record de 850 cm3.
Je néglige complètement les propositions pour électrifier une R5 ou un Solex. À l’invitation de la fondation Berliet, j’admire la restauration d’une limousine six glaces de 1933 donnée en 2018, à l’état d’épave, après soixante ans dans un garage lyonnais abonné. Cent mille euros plus tard, c’est un chef-d’œuvre reconnu par la fondation du patrimoine. Un verre de beaujolais et quelques mignardises me sont offerts à la vue d’une photo de ma Berliet 944 de 1936.
Je n’ai regardé que du coin de l’œil une Ferrari 250 GTO blanche, mais ai été scotché par une autre 250 GTO 1963 avec la vitre arrière comme sur une LM. « La Joconde » est escortée de deux Ferrari état Chantilly des années cinquante.
Promeneur solitaire, j’ai poursuivi ma route et croisé dans une rétrospective du Paris Dakar 1979, la fameuse Renault KZ de 1926 qui termina l’épreuve classée. Un livre qui relatait l’exploit avait été écrit. Avant, cela avait quand même son charme !
Un petit étonnement à la vue de nombre de Bugatti 35 et dérivés. Se reproduisirent-elles entre elles ? Un regret, le peu de petits clubs qui, au regard du montant de la location des stands, ont renoncé. Époqauto, que j’aime beaucoup, a maintenu cette proximité avec le peuple de la voiture de collection.
Mon vrai coup de cœur, il a été pour une étrangeté. Une Isetta Velam au profil aérodynamique sortie probablement de la soufflerie Eifel et animée par un moteur BMW. Cette « fusée » est dérivée de cette étrangeté automobile à la porte s’ouvrant par devant et qui emmène le volant. On disait que cette voiturette allemande, et donc sérieuse, était un suppositoire d’autobus.
Pour en savoir un peu plus sur ces drôles de machines, c’est ici !
Pour conclure, Rétromobile, était-ce mieux avant ? C’est très beau. Souvent, je regarde la carte de Bernard Loiseau à Saulieu et je vais déjeuner à Vandenesse à 17 euros tout compris. Le rêve et la réalité font aussi bon ménage ! ;
Et, en 2025, je pense que j’y retournerai.
Reconstruction du Fardier en démonstration sur le parking
Merci à François pour ce beau reportage.