Après la construction d’un Racer à moteur de moto, voici celle d’une monoplace de loisirs, un Racer « Junior » à moteur arrière de voiture, économique et facile à conduire.

Avertissement — Si vous envisagez de construire une monoplace, en partie ou totalement, sachez que ce n’est pas toujours facile. Prérequis : un minimum de compétences, un atelier, de l’outillage, du temps, de la détermination et… un peu d’argent !

Petit panorama

Au Spirit Racer Club, nous avons le Racer CC 21, d’inspiration Monomille DB dont la délicate mécanique Panhard est remplacée par le bicylindre Citroën 602 ou 650 cc des 2 CV, 3 CV, Dyane, Ami, LN, beaucoup plus fiable et courant. Avec le kit de Loisirs Créations, c’est certainement le Racer le plus économique à construire.

Pour ceux qui veulent un peu plus de puissance, les évocations de Racer 500 à moteur de motos comme le DH ou le M 20 procurent de belles sensations.

Reprendre le principe et la philosophie des Formules Vee et formules Juniors des années 1950/60 est une autre option. Ces monoplaces utilisaient les moteurs de série, une adaptation utilisant les mécaniques des années 2000 est tout à fait envisageable.

Principe de construction

  • Moteur et transmission

Nous reprenons le principe des Formules V, des Racers Monomille et Formules Junior qui utilisaient le maximum de pièces de voitures de grande série. Un des moteurs les plus courants, fiable et léger est le moteur TU 1400 du groupe PSA. Démonté d’une traction avant, il sera repositionné et monté en position centrale arrière et transversale, sans modification mécanique. La transmission et ses cardans restent d’origine. Pas de cardans coupés ou raccourcis !

Ce projet repose sur une base moteur d’AX GT 85 CV à carburateur double corps et allumage par delco, mais il peut être adapté aux moteurs 1400 ccc de la gamme Peugeot Renault, Citroën, Fiat, VW, Ford, Opel. Ces moteurs développent de 70 à 85 CV en version d’origine. Pour être complets, mentionnons les petits moteurs trois cylindres des voitures récentes, légers et puissants, mais bardés d’électronique !

Injection ou carburateur ? Au choix, selon les pièces disponibles et les compétences. En cas d’injection, il faut impérativement récupérer tous les composants, boitiers, faisceau complet et avoir de bonnes connaissances en électricité auto. À cause de la pression d’alimentation, le circuit d’essence doit être parfaitement étanche. Certes, il existe des systèmes d’injection programmables et adaptables à tous moteurs, mais on dit alors adieu au budget économique.

La boite de vitesses reste celle d’origine, seule la commande de passage des vitesses est différente, du fait du montage du moteur arrière. L’ensemble moteur/boite de vitesses pèse 120 kg (80 kg pour le moteur).

Largeur d’environ 85 cm, l’ensemble moteur boite serait certes plus facile à intégrer dans une barquette, mais la construction serait plus chronophage et coûterait plus cher.

  • Trains roulants

– Moyeux de la voiture donneuse, adaptés aux suspensions, sans modifications des cardans.
– Freins, disques et étriers de série.
– Roues 13/14/15 au choix, si possible en alliage, pneus du commerce pas de slick ou pneus spéciaux, largeur maximum à l’arrière 200 mm.
– Suspensions : ensemble ressorts-amortisseurs de Kit Car ou motos/quad.
– Direction à crémaillère.
– Triangles de suspensions en tubes ronds, utilisation de rotules Unibal réglables.

  • Châssis

– Tubulaire type multitubes « Space Frame » en tubes serrurerie carrés, plus faciles à assembler que les tubes ronds. Dimensions pour les tubes principaux 30 x 30 x 2 (1,76 kg le mètre) ou le tube rectangulaire 30 x 20 x 2 (1,44 kg le mètre) et 25 x 25 x 2, et 20 x 2 x 2 mm en acier doux de 2 mm d’épaisseur qui permet une soudure facile.

  • Carrosserie alu et polyester

– Dimensions principales : empattement 2,10 à 2,20 m, voies commandées par le train roulant arrière monté sans modifications, soit environ 1,40 m, selon les déports de jantes possibles.
– Poids inférieur à 400 kg, avec une puissance de 70 à 90 CV, cela donne un rapport poids/puissance de 5,3 kg/CV à 4,5 kg/CV ou 175 CV/tonne à 225 CV/tonne. Ce qui est exploitable par un pilote « normal » et des pneus de « série » ou vice versa.

  • Sécurité

–Arceau et ceintures harnais six points.
–Réservoir essence 10 l, positionné au centre du châssis, entre le moteur et le pilote.
–Double circuit de freinage.
– Coupe-batterie.
– Extincteur.

Un carnet d’atelier faisant revivre l’aventure de ce montage sera édité.

Que se fait-il en monoplaces à moteur transversal arrière ? Un article dans Spirit Racer Club permet d’avoir une idée.

Rassembler les pièces, chasse aux petites annonces, visite de casses auto… Si vous trouvez un moteur de votre choix, mais cassé, prenez-le après négociation du prix ! Démontez-le, allégez-le de tout de ses accessoires. C’est valable aussi pour la boite de vitesses. Vous passerez d’un ensemble de 120 kg à un de 20 kg. Vos reins apprécieront et vous remercieront au moment des mises en place dans le châssis.

Ne pas oublier de récupérer le faisceau électrique.

Album photos et croquis

 

Espace bimoteur ? Non, retour du marché aux pièces.

 

Les plans et épures de suspensions : la suspension avant est guidée par la longueur de crémaillère et l’arrière par les cardans et bien sûr par les portes-moyeux, qui seront modifiés pour la fixation des rotules en place des amortisseurs de Mac Pherson.

 

Un des croquis, le radiateur est à l’avant, les dimensions principales sont choisies : empattement 2,20 m, voies 1,40 m.

Croquis du châssis

Après positionnement du moteur, réservoir, batterie, radiateur, pédalier. Ouf, et la délicate position de conduite !

 

 

 

Vue d’ensemble, un moteur TU 1400cc, quatre moyeux Clio, un réservoir de 10 l., une crémaillère directe, des rotules Unibal et un peu de tubes… Mélangez le tout, à déguster bien chaud !

 

Maquette

Fabrication d’une maquette en laiton.

 

Vue arrière avec le moteur en place.

 

Plans tracés sur ordinateur, mais aussi sur papier dans un coin de l’atelier.

 

Tous les moyens sont bons pour stimuler la créativité.

Châssis

 

Début de construction, un côté soudé à plat sur une table, le deuxième est posé et soudé dessus. On obtient ainsi deux côtés identiques.

 

Vue générale du châssis et du plancher, le berceau arrière plus large de 850 mm dépasse du reste du châssis qui mesure 550 mm de large au niveau du poste de conduite. Les fixations de train avant et de radiateur sont installées.

 

Vue de côté, la colonne de direction est posée.

 

Plancher en alu collé (colle à pare-brise blanche) et riveté pop. Sur la photo, le châssis est retourné.

 

L’outillage de fabrication du plancher et des côtés de châssis.

 

Poids : 60 kg châssis complet avec le pédalier et le plancher, la monoplace fera moins de 400 kg.

 

Présentation du moteur dans son emplacement, ici un 1400 injection multipoints, trop compliqué, il est remplacé par un moteur plus simple d’AX GT à carburateur Solex double corps et allumage classique par delco. Pas d’alimentation d’essence sous pression, c’est plus simple !

 

Support moteur (épaisseur 3 mm) côté droit du châssis, les silent blocs en caoutchouc proviennent de chez Rover.

 

Support au niveau de la culasse, avec ce montage il n’y a plus de place pour un alternateur, il faudra prévoir une bonne batterie.

 

Support de la boite de vitesses, il faudra le modifier pour qu’il prenne moins de place.

Suspensions

 

Traçage des épures, inspirées de celles du Racer M 20. Il faut éviter les variations de carrossage/pincement/parallélisme au cours des débattements de suspensions.

 

Contrôle des épures au moyen de tasseaux et rotules pour représenter le travail des triangles. Les triangles sont de longueurs inégales et ne sont pas parallèles. Il existe des logiciels adaptés, mais j’aime bien la méthode de grand-père.

Les cotes de train avant et arrière

 

Moteur en place, présentation des cardans et des roues arrière, calage de l’ensemble et prise de cotes de fabrication de triangles arrière. On voit bien la place prise par les supports moteurs fixés sur la boite de vitesses et le haut de la culasse.

La fixation sur les moyeux Renault reprend celles d’origine.

 

Triangles inférieurs et supérieurs, tout est réglable.

 

Contrôle avec le niveau, deux barres de poussée contrôlent le train arrière. Sur le côté gauche, les barres de poussées sont légèrement cintrées, pour contourner la boite de vitesses.

 

Côté droit, la tige rouge est la commande de passage de vitesses.

 

Début de fixation des moyeux et triangles, les amortisseurs sont réglables.

 

Renforts soudés, les rotules Unibal permettent le réglage de parallélisme et de carrossage.

 

Les triangles inférieurs en cours de modification… la voiture n’est pas finie et déjà des modifications !

 

 

L’ensemble des trains roulants.

 

Le train avant

Moyeux et roues Renault en fixation 4 x 100, le bout de cardan est coupé pour ne garder que la fusée, les jantes Renault de fixations 4 x100 sont disponibles en 13, 14 et 15 pouces. Le choix est vaste.

 

Crémaillère de Cross-Car, très directe, les rotules inférieures de moyeux sont conservées ; les autres sont des Unibals.

 

Soudures des triangles sur gabarit.

 

Triangles inférieurs avant droit et gauche, la fixation de l’amortisseur est déjà soudée sur un des triangles.

 

La crémaillère et le triangle supérieur sont dans les mêmes plans et axes, pour éviter au maximum les variations de carrossage.

 

Moyeu Renault modifié pour la fixation de la rotule supérieure, la rotule inférieure est également d’origine Renault.

 

Train avant en place, tout est réglable, chasse, parallélisme, carrossage. L’inclinaison des amortisseurs est modifiable.

Tout a été ajusté sur une table marbre (bien de niveau) et contrôlé avec un niveau laser (de maçon), pointé et soudé au Mig.

Tableau de bord

Une feuille d’aluminium, coupe-batterie, contact et bouton de démarreur, compte-tours. À ajouter le voyant d’huile, température d’eau et voltmètre pour contrôler la charge de batterie (il n’y a pas d’alternateur).

 

Pédalier

Achat d’un pédalier « pedal box » prévu pour double circuit de freinage et palonnier de répartiteur.

 

 

Pédalier et double circuit de freinage, la commande d’embrayage est à câble, la batterie est fixée à côté de la pédale… la place est comptée !

 

Carrosserie

Le style de carrosserie dépend des goûts de chacun. Si on reste dans l’esprit des années soixante, il faut le radiateur à l’avant, des formes générales un peu rondes et un cockpit échancré. Le pilote est assis et non couché. Ça, c’est la théorie…

 

Essai d’un museau de monoplace d’Alpine, prêté par Jean-Luc, merci. Un peu trop moderne à mon goût (pas Jean-Luc !)

 

Un autre nez, qui trainait dans l’atelier, est essayé, celui-là, je l’aime bien !

 

Présentation d’une grille de calandre de Simca 8. Merci à Patrick Egel, le marchand de pièces auto. Radiateur avant et style vintage, c’est ce que je choisis.

 

Fabrication de la carrosserie, révision moteur, commande boite de vitesses, électricité, tuyauterie de freinage, etc. et premiers tours de roues… dans les prochains articles.