La participation du Stig burgonde nous a fourni l’occasion de suivre de près le Dijon Motor Cup, en particulier une course du trophée de la Triumph Compétion British HTGT. Retour sur deux jours riches en expériences, émotions, rencontres…
L’expérience de Jean-Luc, le pilote du Spirit Racer engagé sur sa MGB surnommée Joséphine.
» Guy m’a demandé d’écrire quelques lignes sur la course de ma MGB au Dijon motors cup (of tea). Et moi, insouciant, de dire « OK man ! ». Pire : d’ajouter : « dès demain ». Argh, on est demain.
L’an passé, pour cette même course organisée par les Allemands du Triumph competition et British HTGT, j’avais échoué à passer les vérifications techniques FFSA de ma voiture. Cette année, ma voiture me semblant conforme, j’ai envoyé mon engagement, désireux de rencontrer sur la piste ces gentlemen drivers amoureux des vieilles Anglaises.
Jeudi 5 octobre après-midi. Je monte au circuit passer les vérifs administratives. Très anxieux du contrôle technique, j’espère la présence des contrôleurs de la fédération pour me débarrasser de ce pensum. Non, seulement demain matin.
Vendredi 6, 8 h 30. J’arrive au circuit. Damned, les contrôleurs sont déjà là et ils sont au coltin. Je déménage à toute berzingue la MG de ses outils, bidons d’essence, de mes vêtements de course (combinaison, casque, chaussures, etc.) et de plein d’objets divers utiles et inutiles emportés pour une longue journée avec ses contrôles, donc, essentiels, ses essais libres (et payants, 85 euros les 25 min) et ses essais chronos en fin de journée.
Les commissaires arrivent vers ma voiture, je les salue, je les connais, tout se passe bien, l’auto est acceptée sans difficulté (gros ouf de soulagement), pourvu que le pilote veuille bien acquérir et présenter des chaussures homologuées. Effectivement, les miennes ne portent pas le sésame de la FIA. Au stand Oreca, j’ai le choix entre des rouges et des rouges.
Les essais libres me permettent de retrouver quelques sensations indispensables, un rythme de pilotage minimum et de me faire doubler par de beaux bolides. Quel spectacle depuis l’habitacle de la MG quand un proto ou un gros V8 américain me passe en ligne droite avec plus de 100 km/h de différence.
Essais chronos pas très rapides. Je suis loin sur la grille avec seulement cinq voitures derrière moi. Fin d’une grosse journée. Il est environ 18 h 30 et je piétine ici depuis une bonne dizaine d’heures, heureusement accompagné de Jean-François, pilier du Spirit et de MP 21, qui sait me distraire avec toutes ses belles histoires de fan de Formule 1 et me calmer avec son flegme sans faille.
Samedi, à 9 heures pétantes, Guy, comme promis, toque à l’huis de notre modeste chaumière oubliée dans la vallée de l’Ouche. Il est avec le motor-home du Spirit racer club, son Espace Matra, ne dites pas Renault, non, Matra, un des premiers et véhicule de collection, SVP. Il charge les derniers outils. En route.
Après avoir franchi quelques obstacles, nous intégrons le P2, c’est-à-dire le paddock où le Spirit déploie ses plus beaux atours : le motor-home déjà cité, une structure « barnum », table basse, sièges, boissons diverses dont l’indispensable café chaud, cake made by Jo, merci Jo.
Il fait beau et malgré un plateau un peu maigre, il y a des autos intéressantes et beaucoup de connaissances et d’amis pour tailler le bout de gras dans l’attente de la première course d’une 1/2 heure prévue en début d’après-midi. Les horaires sont tenus.
Chaussures rouges de course, cagoule, casque, Hans, ceinture bien serrée, lunettes. J’attends en prégrille. Instant de concentration indispensable. Ça s’agite devant : moteur. Les autos s’avancent en fonction de leurs chronos de qualification, se placent derrière le pace-car, font un tour de chauffe et de reconnaissance, se mettent en place sur deux files en bas de la courbe de Pouas, montent vers la ligne de départ en accélérant de plus en plus. C’est parti. Premier freinage, ça tasse un peu. Premières grandes courbes, les voitures se dandinent, s’ébrouent, quelques roues fument. Dans la cuvette, on cherche sa place au culot. La course est bien lancée. Bagarre âpre et plaisante avec une TR3 verte et une MGB grise, la TR3 est intraitable, plus encore avec les dépassements par les leaders, Jaguar verte et grise, Triump TR4 et 6, que je ne veux absolument pas gêner. Je terminerai derrière mes deux « adversaires » : modeste 21e.
J’ai ma revanche dimanche. Gros brouillard sur Prenois. Les horaires sont chamboulés. Ma course est repoussée à 15 h 25 avec prégrille vers 15 heures. Spécificité de cette course d’une heure, un arrêt obligatoire d’une durée de 2 min 30 s entre la 20e et la 40e minute. Guy est au panneautage, Pauline au chrono et Jean-François au ravitaillement. Synchronisation parfaite : je suis panneauté par Guy à la 30e minute passée, je rentre sur la pite-lane, deux panneaux m’indiquent où stopper. À l’arrêt du bolide (oui, actrice de la course automobile et non pas seulement spectatrice oui, la MGB), Pauline déclenche le chrono, Jean-François est près de moi avec les gourdes. Au bout de 2 min 20 s, ma fille décompte les dernières secondes. Au 0, je m’élance. Vrop, vrop vrop sur la pite-lane, en français l’allée des stands, à 40 km/h puis je reprends la piste où j’écrase l’accélérateur.
Auparavant (non, je n’ai pas dit chinois), je me suis défait aisément de « ma » TR3 et de « ma MGB » de la veille, puis j’ai ralenti, confronté à une petite pluie qui a détérioré l’adhérence, avant d’attaquer de nouveau jusqu’au baisser du drapeau à damiers, attaqué avec un peu de marge, j’ai trop peur de poser ma voiture dans le sable, synonyme de course perdue.
Douzième à l’arrivée, satisfaisant autant qu’ont été plaisantes la mobilisation et l’organisation du Spirit pour cette épreuve après le rallye du Morvan estival et la course de côte d’Urcy, deux dates où notre petite formation était présente. »
La course vue du paddock
Une séance d’essais libres pour se remettre dans le rythme, Jean-Luc connait bien le circuit ; il le pratique depuis sa construction. Suivent séance chrono et qualifications, ça roule vite, la différence de vitesses est importante. Jean-Luc pense que les MG roulent environ 15 km/h plus vite que lui dans le bout de droit et le larguent dans les montées ; impression confirmée par les différentes vidéos. Les « Triumph competition & British GT’S » roulent sur plusieurs circuits d’Europe, dans le cadre d’un challenge qui existe depuis plusieurs années. Les pilotes sont aussi les organisateurs, les voitures sont préparées.
À titre indicatif, voici quelques chronos :
Jean-Luc roule en 1’46 ” environ, soit 124 km/h de moyenne. Dans son groupe, la pôle est de 1 ’36” pour une type E, la meilleure TR4 fait 1’38” et la meilleure MG 1’40”. En série Touring car, Mustang Shelby/ Corvette 1’49”, une monoplace F 3 1’19”, une barquette Lola 3 l. 1′ 17”, une F 2 1’15”, soit le même temps qu’un… kart 250.
Un plan du circuit de et les vitesses atteintes par notre équipage, 170 km maxi (les meilleures Triumph sont à 200 km/h), ainsi que les rapports de boîte de vitesses (possible de continuer tout droit à la ”bretelle” et de ressortir en face vers la courbe de la combe, raccourci recommandé par le Spirit Racer, refusé par notre Stig !)
Samedi, beau temps, soleil et piste sèche, course de 30 minutes, prégrille à 14 heures, mise en place de « l’assistance ». On en profite pour faire un petit tour de paddock, découvrir les autres catégories, baver d’envie devant les camions, être impressionné par les karts 250.
Nous laissons notre pilote se concentrer tranquillement et les Spirit Club Women et Men vont… manger ensemble
En prégrille, nous sommes tous aux petits soins avec notre « Stig burgonde” le chouchoutons, le cajolons, la fifille à son papa le soutient et prodigue ses conseils : « Te laisse pas doubler ! zigzague… »
C’est le départ lancé. Pas de problème, la place est conservée, la « chtite » bagarre commence avec son adversaire du week-end, une TR3 verte pilotée par un Viking géant et barbu. Après un ou deux passages un peu larges, Jean-Luc préfère assurer sa place et ne fait aucune faute. Nous sommes tous soulagés.
À l’arrivée, le géant barbu vient féliciter et… presque broyer dans une étreinte ursine les 60 kg de notre représentant ! Joséphine a roulé sans l’ombre d’un souci. Petite vérification des niveaux, pas de problème et plus (ou presque) de fuite d’huile depuis sa réparation par « Magic CC », président du Spirit Racer.
Nos voisins de stand s’installent et sortent les bières sous les yeux ébahis de Jean-Luc. Il faut dire qu’ils sont sérieusement équipés : fût de bière pression, charcuterie, etc. Là, la table est vide, mais cela ne va pas durer !
Chacun sa technique : allemande !
Italienne !
Un seul ne participe pas, couché sous sa MG V8. Après une réparation délicate du collecteur d’admission, c’est au tour de la boite de vitesses, il ne se relèvera que vers 20 h pour le… barbecue et on le retrouvera sous sa MG dès 7 h 30 le lendemain matin. La MG V8 prendra le départ de la course du dimanche, mais ne verra pas le drapeau à damiers… triste week-end pour notre sympathique voisin, qui ne s’est jamais laissé décourager, chapeau !
Les Spirit Racer club “visiteurs”. Tous derrière Jean-Luc et sa Joséphine !
Jean-Luc est content. Un peu fatigué, il ne traine pas sur le circuit et rentre chez lui par la route… en MG, No de course sur les portières !
Au cours du week-end, des séances de mécanique certes, mais aussi des dégâts de carrosserie, heureusement pas de casse chez les pilotes.
Ça « mécanique » beaucoup, nous on ne fait rien… Elle n’est pas belle la vie ?
L’installation du Spirit Racer Club sous l’étendard de la Bourgogne, avec les félicitations de nos voisins de stand, Allemands et Hollandais.
19 heures, tout est interrompu par… le « sacro-saint apéro » offert aux pilotes, qui en organisent de leur côté un peu partout dans le paddock. Ce sont des communautés qui se rencontrent régulièrement ce qui fournit l’occasion de nombreux « verres de contact », certains n’hésitent pas à aller de l’un à l’autre, le lendemain ils chercheront de l’aspirine.
Il est temps de se coucher.
Dimanche, changement de temps, la Bourgogne est devenue bretonne, pluie fine, brouillard fraicheur. Les karts 250 doivent ouvrir le bal, ils sont en pneus pluie, les organisateurs décalent les catégories, reculent les départs, pour Jean-Luc ce sera 15 heures au lieu de 13 h 30.
C’est l’occasion de détailler un peu les karts 250.
Dimanche 15 heures, départ vers la prégrille, la piste a séché ; derniers conseils de Jean-François qui, lui aussi a connu le circuit de Dijon-Prenois en construction, il y a même fait un tour en Lambretta… bon y a prescription !
C’est la course, durée 60 minutes, départ lancé impeccable, puis un léger crachin vient mouiller la piste. Nous sommes un peu inquiets, mais notre pilote gère la glisse, un arrêt est obligatoire entre la vingtième et la quarantième minute, nous avons choisi 30 minutes, il faut s’arrêter 2 ‘ 30 ” on s’organise pour le panneautage, l’emplacement de l’arrêt sur la pit lane et le ”re ” lâché du pilote. Tout se passe bien, Jean-Luc est treizième, ses temps sont très réguliers à la seconde près. Il a lâché le grand Viking blond à la voiture verte. Comme la piste redevient sèche, il augmente sa cadence, accomplissant son meilleur à la fin, nous pouvons suivre sa progression sur les écrans de contrôle du paddock.
Coup de théâtre ! Dans le dernier tour, la Jaguar type E, qui mène depuis le début perd sa roue avant droite, finit et passe la ligne d’arrivée sur trois roues dans une gerbe d’étincelles et sauve ainsi de justesse sa première place.
Classement final : scratch 12e sur 31 inscrits, 3e de la classe D1 sur 9 classés et premier Français… bon OK, c’est le seul qui termine !
Bravo Jean Luc ! Grâce à toi et… à Joséphine, nous avons passé un fabuleux week-end… heu tu viens avec nous le 27 octobre au roulage Spirit Racer Club sur le circuit de Pouilly ?
photos : Bien Public, Cat’, Guyecar, Ducou et merci à Joëlle pour sa relecture
Super reportage!