En septembre 1951, l’ingénieur Pierre Barbot, directeur d’une société de mécanique de précision, décide de modifier une 2 CV pour courir le Bol d’Or et battre des records de vitesse.
La 2 CV de base est profondément remaniée, le moteur de 375 cc de cylindrée est réduit à 350 pour intégrer la catégorie moins de 350 ; un arbre à cames spécial est adapté. Deux carburateurs Solex 32 PBIC et un échappement à sortie directe sont montés ; le châssis est raccourci de 25 mm pour gagner du poids et de la maniabilité.
La carrosserie subit, elle aussi, d’importantes modifications. Le toit est supprimé à hauteur de la bouche d’aération, en dessous du parebrise ; la ceinture de caisse est abaissée. Si les ailes avant restent d’origine, le capot est abaissé et allongé d’une trentaine de centimètres. Tout le reste est allégé, les portes avant ne sont plus que de simples panneaux, les portes arrière sont supprimées. Une bâche légère recouvre le reste. Les pneus sont en 125 x 400 sur des jantes spéciales, les suspensions sont surbaissées.
Malgré la diminution de cylindrée, la puissance passe de 9 à 14 CV.
Le pilote est un jeune espoir de l’époque, Jean Vinatier. Fils de mécanicien de course, il fera une belle carrière de pilote et de responsable technique au sein de la FFSA.
La voiture est engagée au Bol d’Or en juin 1953. Jean Vinatier, alors âgé de 19 ans, remporte l’épreuve dans la catégorie des moins de 350 cm3 et bat le record de la catégorie avec 1 649, 309 km à la moyenne de 68,721 km/h, ce malgré un culbuteur cassé qui oblige son pilote à la pousser sur 2 km.
Toujours en 1953, le 27 septembre, associée aux huiles Yacco — déjà partenaire de Citroën en 1933 à l’occasion des records de la Petite Rosalie — la 2 CV Barbot bat neuf records mondiaux à Montlhéry : les pilotes sont Jean Vinatier, son père et Pierre Barbot.
– 200 km en 3 h 28’36 » (moyenne 92,13 km/h) ;
– 500 km en 5 h 28’46 » (moyenne 91,25 km/h) ;
– 750 km en 8 h 47’51 » (moyenne 91,46 km/h) ;
– 1 000 km en 10 h 59’09 » (moyenne 91,03 km/h) ;
– 1 500 km en 18 h 24’16 » (moyenne 87,44 km/h) ;
– 2 000 km en 23 h 32’13 » (moyenne 84,87 km/h) ;
– 6 heures sur 547, 672 km (moyenne 91,28 km/h) ;
– 12 heures sur 1 091,577 km (moyenne 90,96 km/h) ;
– 24 heures sur 2 040,469 km (moyenne 85,02 km/h).
Pour tenir la moyenne, la 2 CV roule toujours à fond.
De nombreuses répliques, plus ou moins fidèles, sont fabriquées.
Récemment, une équipe anglaise s’est lancée dans une re-fabrication assez fidèle.
Variations sur le thème de la Deuche surbaissée.
BLEUETTE la Barbot Réplique de Loisirs Créations à moteur arrière, présente à nos roulages du vendredi.
En 2016, le journaliste Dominique Pascal lance l’idée d’une reconstitution de ce record. Une réplique de la Bardot créée par Bruno Viet est utilisée. Elle est équipée d’un moteur de série de 602 cc récent et pèse 475 kg.
Jean Vinatier (82 ans) reprend le volant ainsi que D. Pascal. Les Viet, père et fils se relaient pendant six heures sur l’anneau de Montlhéry. La vaillante Deudeuche parcourt plus de 643 km à 104,31 km/h de moyenne.
Le coin de l’atelier
Une idée de barquette inspirée de la Barbot ? Oui, avec un moteur de moto en position centrale arrière et, pourquoi pas, un 350 cc pour respecter l’idée des records Yacco. On peut l’associer à un petit châssis tubulaire ultra léger. Plus simplement, pour rester dans le monde Citroën, on peut utiliser un moteur transversal de chez PSA avec sa boite de vitesses et l’installer en position centrale arrière. Une fois habillée d’une carrosserie en polyester inspirée de ce très beau dessin d’Yvan Brossard, à vous les montées historiques, les démonstrations et journées circuits loisirs : « Y a pas de mal à s’faire du bien ».
Quel potentiel,la 2cv..!Elle aura été exploitée à toute les sauces..!