Circuit de Pouilly-en-Auxois un mercredi après midi, deux barquettes sont déchargées des remorques, elles viennent rejoindre une Hilman Imp et une moto.

Une des barquettes est une belle Merlin moteur Honda 1800cc, OK on connait, mais la deuxième est beaucoup plus rare, elle est dans son jus, peinture un peu ternie, autocollants d’époque carrosserie dans le style Canam des années soixante-dix, ni bidouillée ni massacrée… Une Torralba.

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Son propriétaire, bien connu dans le monde de la collection moto et auto, a réveillé la belle qui dormait dans son stock situé au cœur du Morvan. Il est venu faire quelques tours de roue en prévision de la montée historique d’Urcy, la barquette n’a pas roulé depuis longtemps. Le premier problème apparaît très vite. Faire coïncider l’imposant gabarit du pilote et l’espace disponible dans le cockpit n’est pas évident. C’est très serré, les épaules sont larges le baquet étroit, les ou plutôt le pied appuie sur toutes les pédales en même temps… et je ne parle pas de l’espace entre le volant et le dossier du siège.

Mais, avec de la volonté, on arrive à tout, quelques tours de circuit, en professionnel, le pilote respecte la mécanique, tout en douceur, les vitesses passent bien, le moteur est ménagé, les freins sont à roder. La mécanique et son pilote se mettent en place, raisonnablement par petites touches, ponctuées de resserrage boulons, entre autres les flectors de cardans, mais rien de grave. Une petite fuite d’huile pas facile à détecter, joint de carter ou durite desserrée ? C’est à contrôler, sagement l’essai s’arrête, la voiture sera à Urcy.

Torralba, peu connaissent et encore moins en ont vu rouler. Elles sont apparues vers 1975 dans les salons ou sur la couverture des magazines. C’est vrai que la barquette à un look extraordinaire ! Un poids de 400 kg pour une barquette, soit environ 100 kg de moins que la concurrence, c’est incroyable.

Un peu de recherches dans les archives des revues Échappement et Auto pop, sur Internet, grâce au forum d’Autodiva et Gt, on en sait un peu plus.

Daniel Torralba, surnom Jésus Christ Super Cars — c’est la mode des cheveux longs et il est à la mode — commence par fabriquer une barquette aux suspensions sophistiquées, freins suspendus avant et arrière, etc., mais, faute de moyens, équipée petit moteur issu d’une Dauphine 1093. Une deuxième est fabriquée, elle est équipée d’un moteur F3 1000cc qui sera remplacé par un Renault Alpine 1600, puis Daniel propose au salon de la voiture de course 1972 une barquette ultra légère de moins de 300 kg, la Torralba Junior. Sa carrosserie fait sensation, l’atelier est installé à Boussy-Saint-Antoine.

Puis il déménage à Quincy-sous-Senart dans l’Yonne, les trois premières voitures sont construites, les BN 72, Robert Bourdon achète la BN 72 001, qui est celle aperçue à Pouilly.

L’Auto Comptoir de l’Yonne à Auxerre s’associe avec Toralba et crée les Automobiles Torralba. En 1973, plusieurs kits sont fabriqués (3), en 1974, ils seront quatre kits (sous réserve), dont un, équipé d’une mécanique et suspension Tecno. Les carrosseries sont modifiées, plus courtes elles sont inspirées des Chevron.

En 1974, IRESA, une firme espagnole spécialisée dans les pièces et équipements de compétition, contacte les Automobiles Torralba pour la fabrication sous licence des barquettes, en 1975 cinq sont construites, les Iresa Torralba BM/75. Pour 1976, en Espagne, on parle de la création d’un challenge proto circuits et côtes sous la bénédiction de Chrysler Espagne, les Iresa sont prêtes ,  les barquettes Selex aussi, des contacts sont pris avec GRAC, la MT 20 sera construite par BFT, tout cela débouche sur… rien !

En 1975, Daniel Torralba travaille chez Danielson à Auxerre, il monte des Lola importées, puis déménage en Belgique où, en compagnie de Daniel Lebacq, il modifie des voitures. Ensemble ils créent une six roues (quatre roues avant).

Descriptif de la Torralba BN 72 — 001 ex Bourdon

  • dimensions : longueur 3,72 m ; largeur 1,92 m ;
  • empattement 2,21 m ;
  • voies avant et arrière 1,4 m ;
  • poids 410 kg ;
  • châssis multitubulaire en tubes carrés de 20 x20 et ronds de 10 mm brasés ;
  • plancher et bas de caisse en aluminium riveté ;
  • carrosserie en polyester composée principalement d’un capot avant et arrière vissés, des petites trappes permettent l’entretien courant.

Le moteur vient donc d’une Alpine 1600 S (160 ch), il est solidaire du châssis sans silent bloc, la boîte est une Hewland à quatre rapports bénéficiant d’un embrayage de F3 et d’une entretoise spéciale. La suspension est triangulée. Porte moyeux alliage.

Pour sa résurrection, la Torralba a participé à la montée historique d’Urcy, sans aucun problème, son propriétaire envisage d’autres montées… à suivre.

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D’autres photos de détails suivront, notamment du châssis et des suspensions.