Double arbre à cames en tête commandé par couple conique, culasse hémisphérique, distribution desmodromique, vilebrequin sur roulements, carter sec : description classique d’un moteur de compétition moderne ? Eh bien non, c’est celle d’un moteur construit en 1912 !

La Peugeot L76 (ainsi que ses dérivées EX3 et EX5, 7,3 L, L 5 et L 45 en cylindrées 5 et 4,5 l, et L3 en cylindrée voiturette) était la voiture de compétition de formule libre du constructeur automobile Peugeot de 1912 à 1914.

Cette Peugeot est le premier véhicule au monde doté d’un double arbre à cames en tête (avec un couple conique à chaque extrémité), combiné à un moteur moins volumineux, un centre de gravité abaissé et de quatre soupapes par cylindre à commande desmodromique (encore une première mondiale). Dotée d’un vilebrequin porté par des roulements à billes, d’une culasse hémisphérique à bougies au centre de combustion intégrée, la L76 (L pour Lion, et 76 pour sa cylindrée initiale), aux quatre cylindres en ligne, développe 145 CV à 2 200 t/min dans la version 7598 cc, soit la moitié de cylindrée d’un moteur Fiat de même puissance. Elle est due essentiellement au coup de crayon de l’ingénieur suisse Ernest Henry (27 ans), conseillé par les pilotes Georges Boillot, Jules Goux et Paolo Zuccareli (qui est aussi ingénieur), surnommés « Les Charlatans » chez Peugeot.  En 1913, apparaissent les évolutions 5,6 l et 3 l ; la commande de distribution jusqu’alors par arbre et couples coniques est modifiée en une cascade de pignons. L’ajout d’un carter sec modifie la lubrification.

Sous diverses déclinaisons de motorisation, elle remporte dans les années 1910/20 :

  • deux titres Champ Car AAA pilotes (1916 et 1919) ;
  • trois éditions des 500 miles d’Indianapolis (1913, 1916 et 1919), la dernière fois avec une voiture de cinq ans d’âge déjà ;
  • deux GP de l’ACF (1912 et 1913) ;
  • une coupe de la Sarthe 1912 ;
  • deux GP des USA (1915 et 1916) ;
  • deux Coupes Vanderbilt (1915 et 1916) ;
  • l’Harvest Auto Racing  1916
  • et tous les GP des USA.

Divers constructeurs américains s’inspirent de la conception de son moteur, tel Offenhauser dont les blocs moteurs sans culasse permettaient une augmentation du taux de compression. Alphonse Kaufman, l’importateur Peugeot pour les États-Unis fournit en véhicules nombre de pilotes US ; d’autant plus que le rapatriement des exemplaires importés était rendu impossible en Europe par la Première Guerre mondiale.

En 1913, conduite par Jules Roux, la Peugeot bat le record du monde du 1/2 mile départ lancé : 177 km/h, à Broocklands (premier anneau de vitesse permanent au monde dédié à la course automobile). Peu de temps après, avec le même véhicule, il remporte la victoire à Indianapolis (en parcourant alors 160 miles et 307 yards en une heure, soit 170,94 km/h et établit ainsi le record du monde).

La Peugeot L 76 a aussi battu un record de vente aux enchères atteignant la somme astronomique de six millions d’euros !

En images, au fil des années et des épreuves, les évolutions des carrosseries, arrière type baquet ou pointe Bordino

 

 

 

 

 

Le moteur et sa distribution desmodromique encore utilisée de nos jours sur les motos Ducati.

 

Et bien sûr, comme toujours sur Spirit Racer, le plan.