Avec les Mercedes de la série W 125, nous revenons aux voitures de Grand Prix de l’entre-deux-guerres, véritables monstres à la silhouette de cigares roulants que seuls des pilotes d’exception maîtrisaient.
En 1934, les nouveaux règlements des voitures de GP stipulent que le poids à vide ne doit pas dépasser 750 kg, sans les fluides ni les roues. La cylindrée maximum est de 4,5 l pour les moteurs atmosphériques et de 3,5 l pour les moteurs à compresseurs.
Le moteur type M 25, à quatre soupapes par cylindre, double arbre à cames, commandé par cascades de pignons, est construit sur la base de deux-quatre cylindres borgnes, en acier forgé au chrome, soudés bout à bout. Les blocs sont insérés dans un carter en silumin et tenus par des gougeons ; des tôles sont ajoutées pour le passage de l’eau de refroidissement.
Caractéristiques des moteurs 8 cylindres en ligne :
M 25 A de 1934 : cylindrée 3360 cc, 78×88, 315 cv / 5800.
M 25 A/B 1935 : 3701cc, 82×88, 348cv/ 5800.
M 25 B 1935 : 3990cc, 82×94.5, 430cv, 5800.
M 25 C 1936 : 4.310 cc, 82×102, 402cv, 5500.
M 125 1937 : 5660cc, 86×102, 570cv, 5800.
Moteurs 12 cylindres en V
M 154 1938 : 2962 cc, 62×70, 425cv, 8000.
M163 1939 : 2962 cc, 484 cv, 7500.
Un compresseur Roots souffle dans les deux carburateurs, avec un sifflement caractéristique. Le moteur pèse 200 kg, ce qui oblige à gagner du poids sur le reste de la monoplace, tout est pesé et allégé par perçages.
La boite est à quatre vitesses, les freins sont à tambours hydrauliques de chez Loocheed.
Le châssis est constitué de deux tubes principaux en acier au molybdène, renforcé par des traverses en X.
Empattement 2794 mm ; voies 1422/1473 mm.
Les suspensions sont à quatre roues indépendantes par de courts triangles à l’avant et des essieux oscillants à l’arrière, les amortisseurs sont à friction, montage classique de l’époque.
Pour respecter le poids maxi, la carrosserie en aluminium n’est pas peinte en blanc comme le voulait la tradition, mais reste brute de finition, ainsi naquit la légende des flèches d’argent.
Pendant la saison 1934, des problèmes de fiabilité, notamment de carburation, sont apparus. En cours de saison, une version M 25 AB de 348 cv, puis le M 25 B de 4 l de cylindrée sont testés, ce dernier moteur est enfin fiable.
En 1934, Mercedes modifie une W 125 dans l’intention de battre le record du monde de vitesse sur route à Gyon en Hongrie et à l’Avus en Allemagne. Le moteur M 25 est poussé à 430 CV, les rapports de transmissions sont modifiés, la carrosserie est transformée avec un cockpit fermé. On la surnomme la limousine de course, Carraciola porte le record à 317,5 km/h.
La W 125 domine la saison 1935, sauf le GP d’Allemagne enlevé par Alfa Romeo et Tazio Nuvolari devant Hitler en personne (il n’était pas content Adolf !)
Rudolf Carraciola est sacré champion d’Europe 1935.
En fin de saison, sort une version M 25 C de 4,3 l de plus de 400 CV.
En 1936, la W 125 est modifiée, la boite de vitesses est longitudinale, la suspension arrière du type De Dion ce qui améliore sérieusement la tenue de route. Pour gagner du poids, le châssis est raccourci, c’est la W 125 K (pour courte).
Un moteur V 12 de 736 CV ! est fabriqué, mais il est trop lourd ! On revient au huit cylindres en ligne de 4,7 l. et 453 CV, mais les Mercedes châssis courts sont dominés par les Auto Unions type C du Dr Porsche, moteur de 6 l. avec Ernst Rosemeyer au volant.
Pour 1937, Mercedes sort la W 125 au châssis plus rigide et moteur huit cylindres en ligne de 5,6 l.
Un service course qui compte environ 200 personnes travaille sous la direction d’Alfred Uhlenhaut, un ancien pilote qui fera une fabuleuse carrière de directeur d’écurie.
En 1938, la réglementation évolue, chez Mercedes, on prépare la W 154 au moteur V12 3 l et 425 CV/7500tr/mn. Nous en reparlerons.