Sacha Gordine, prince russe immigré en France en 1917, producteur de films dont Orfeu Negro, palme d’or à Cannes en 1959, était aussi un passionné d’automobile. Il pilotait en course, ainsi que sa femme Régine. Tous deux participaient aux 24 heures du Mans ou aux grands rallyes tels que Monte-Carlo.

Amateurs de courses automobiles, le couple Gordine pilote en course… ils sont même le premier couple à courir aux 24 heures du Mans, mais pas dans la même voiture. Ils roulent avec des Gordini, mais trouvent que celui-ci ne leur accorde pas assez d’attention. Sacha décide alors de devenir constructeur.

En 1952, il monte sa propre écurie de course automobile, l’écurie Sacha et crée la Société des Automobiles Gordine SAG dans le but de construire des formules 2 et 1. Régine Gordine est nommée PDG ; les ateliers sont situés à Neuilly au domicile du couple.

Lassé des délais exigés par la sous-traitance, Gordine ouvre un nouvel atelier à Levallois-Perret. Il y emploie une dizaine de salariés, dont deux ingénieurs. Tous sont rémunérés par Sacha Gordine, toute la fabrication est traitée en interne.

 

 

Participation au rallye de Monte-Carlo avec une Simca sport pour Régine Gordine à droite sur la photo.

Le responsable du dessin est l’ingénieur Vigna assisté de Mr Perkins, c’est un ancien du projet Porsche Cisitalia 360 comme pour celle-ci, le moteur est à l’arrière. La boite de vitesses est séquentielle, le châssis tubulaire. Le train avant est typique des créations Porsche, mais grâce au financement illimité de Sacha Gordine, la construction utilise au maximum le magnésium, y compris pour les éléments de suspensions.

 

 

Premières maquettes et ébauches de carrosserie.

 

La presse automobile de l’époque en parle.

En 1953, une voiture est testée discrètement à Monthléry. Le pilote serait Jean Behra, alors sous contrat pour un autre constructeur, ou A. Simon.

 

La voiture est présentée à la presse ; le projet est ambitieux F 1, F2, Le Mans et version GT sont au programme. La première course prévue est le GP de Pau à Pâques, mais le fisc n’apprécie pas que des prêts prévus pour la production cinématographique soient utilisés pour la compétition automobile ! La liquidation judiciaire est décidée en juin 1953.

Les données techniques en version 1500 à compresseur et en version 2000 à carbus. Des versions 2,5 l et 3 litres du V 8 étaient prévues.

 

Dessin de T. Dubois, on voit très bien les réservoirs latéraux, renforcées par des cloisons ; montage que l’on retrouvera des années plus tard sur les… Matra de F 1.

 

 

Train avant « Porsche », immenses tambours de frein dans les jantes de 17 pouces et deux radiateurs.

 

Silhouette caractéristique avec les deux grosses narines avant… comme, plus tard, une certaine Ferrari de F 1.

 

 

 

Désolé pour la qualité de la photo. On distingue les deux gros tubes de châssis en chrome molybdène, le moteur V 8, sa boite de vitesses transversale, le carter d’embrayage ajouré et un bras de suspension, le pont De Dion, le tout en magnésium.

 

Pour les amateurs il existe une maquette au 1/43.

 

Premiers tours de moteur, installé sur un support provisoire le 2 litres carbus aurait fourni 190 CV à 8000 t/min, résultat excellent pour l’époque.

 

Le projet de la GT dessin de Vignal.

 

À la fermeture de l’usine SAG, Sacha Gordine (ici en photo avec son fils également prénommé Sacha) fait stocker les voitures, les pièces détachées et les machines-outils sur une péniche amarrée sur la Seine. Les voitures sont pillées, le magnésium volé, tout disparait ! Une troisième voiture serait donnée à Shell, puis finirait ses jours chez un collectionneur. Les fins limiers du forum Autodiva n’en savent pas plus. Sacha décède en 1968 à 58 ans… fin du feuilleton rocambolesque.

Sources : Forum AutoDiva, forum Autosport, Stats F1, le Mans.org, Automobilia, Sciences et Vie, Wikipedia.