Vous souvenez-vous de la chanson de Carlos « Rosalie ha, Rosalie ho » ? Eh bien, Yacco et Citroën l’ont chanté en chœur. Mais l’histoire débute avec Voisin.

En 1920, le groupe Hispano Suiza crée une filiale de lubrifiant, YACCO et, en 1925, pour prouver la qualité de leurs produits, ils organisent des records d’endurance avec les automobiles Voisin dont les moteurs sans soupapes, souples et silencieux, sont de gros consommateurs d’huile. Ils font rouler une Voisin de série, puis César Marchand crée une véritable voiture de records.

Voisin

 

 

La Voisin de série, un peu allégée et débarrassée de ses ailes.

 

La belle Voisin, recarrossée par Marchand.

 

 

Citroën

En 1931, Yacco contacte Citroën, mais André Citroën est réticent, il croit plus aux grands raids comme les croisières Jaunes, Noires, etc. Il faut toute la persuasion de César Marchand pour qu’il accepte de confier un châssis de C 6 F. Marchand garde toute la mécanique de série et le châssis ; une carrosserie est fabriquée en aluminium, elle est plus légère et plus aérodynamique. Objectif 25 000 km sur l’anneau de Monthléry ; cinq pilotes se relaient tous les 500 km ; bilan au 1er novembre, 14 records et 108 km/h de moyenne.

 

La berline C 6 d’origine, moteur six cylindres en ligne de 2442 cc à soupapes latérales, différentes carrosseries sont proposées, son empattement varie de 2,95 m à 3,12 m, selon les versions.

 

Le robuste châssis, suspensions par lames de ressorts, essieux rigides, ce n’est pas la DS 19 !

 

Toute une famille de Rosalie est fabriquée. Le publicitaire et le flambeur qui, en Citroën, ne dort jamais comprennent vite l’impact auprès du public. Il s’engage alors avec enthousiasme dans les records, proposant même un record sur 500 000 km ! Il lance un défi et propose une énorme somme d’argent (qu’il n’a pas, Citroën est en difficulté) à qui battra son record. Bien entendu, le délai proposé est trop court pour qu’un concurrent puisse le relever !

 

André Citroën pose devant la Rosalie, une grande réception est organisée, André Citroën effectue un tour d’honneur au volant de Rosalie, offre à César Marchand une voiture neuve ; une tournée d’exposition est organisée dans toute la France.

 

Rosalie I

 

 

Rosalie II

 

Rosalie II au ravitaillement.

La petite Rosalie

C’est la plus célèbre, avec son record de 300 000 km en 133 jours à 93 km/h de moyenne, une interruption de six heures pour cause de… neige incluse.

 

Petit moteur 1400 cc, quatre cylindres, 32 CV, 3200 t/min, soupapes latérales à la place des six cylindres de ses grandes sœurs.

 

Marchand a repris le même principe de construction, on garde la mécanique et le châssis de série et l’on pose une carrosserie en aluminium par-dessus et on roule !

 

 

 

 

Au cours de ces records d’endurance, le règlement oblige les concurrents à embarquer les pièces de rechange.

 

 

 

Les Rosalie d’usine ont toutes été détruites, il ne reste que des répliques, plus ou moins fidèles.

 

 

 

 

Rosalie VI sur la base d’une 15 légère, 180 km/h.

Rosalie VII sur la base d’un coupé traction avant « dé ailé ».

 

 

 

Rosalie VIII sur la base d’une Rosalie VI équipée d’un compresseur volumétrique, reconnaissable à sa bosse sur le côté gauche.

Rosalie IX, la dernière. En 1936, elle roule 1500 km par jour, pour un total de 100 000 km. César Marchand est toujours aux commandes de l’équipe de pilotes et meccanos. Le record s’obtient sur la route, Rosalie IX visite les principales concessions Citroën.

 

 

Spido Rosalie –  Une autre Rosalie de records, de 1932 à 1933, la Spido, promeut l’huile BR Sport des huiles Spidoleine. Elle est carrossée par Clément Kelsh, qui a déjà préparé des voitures pour les 24 heures du Mans. Les six pilotes ont tous plus de 50 ans, le 19 mars, la tentative démarre mal, par une panne dès la première demi-journée. On effectue la réparation et deux jours plus tard, le 21, nouveau départ ; les pilotes se relaient toutes les quatre heures. Le 29 mars, c’est l’accident, la Spido fait plusieurs tonneaux, heureusement sans dommage pour son pilote.

 

 

 

Clément Kelsh répare les dégâts et en profite pour baisser le toit de 12 cm et modifier les ailes avant. C’est la Spido 2, nouvelle tentative en avril 1933, mais, au bout de quelques heures, c’est de nouveau la panne. Le pignon de distribution en Celoron a lâché, on répare et on recommence. En trois jours, la Spido 2 abat 9329 km à 129 km/h de moyenne. Après un nouvel arrêt, ce sont 20 000 km en six jours à 131 km/h de moyenne.

 

 

Les records de François Lecot

Ancien mécanicien, restaurateur à Rochetaillé à côté de Lyon, spécialiste des records d’endurance couvre 400 000 km en un an, de 1935 à 36. La voiture, une Traction avant 11 légère alterne des allers et retours Lyon Paris et Lyon Monte-Carlo, tous les jours, contrôlés par des commissaires de l’Automobile Club. Anecdote : Lecot fut déclaré inapte à la conduite lors de son service militaire !

La traction ayant disparu, une réplique est exposée au musée de Rochetaillé.

 

 

Barbot, ce n’est pas une Rosalie, la petite 2 CV de Barbot,  un article dans Spirit Racer Club.

 

Yacco ne s’est pas borné à faire tourner en rond des Citroën, un équipage féminin l’a fait avec des Ford. Renault, Simca ont également établi des records, soit sur piste, soit sur la route. Sans oublier une Isetta recarrossée, des racers 500 DB, la liste est longue, le sujet est vaste, on en reparlera ainsi que de Lecot et ses records.