Première voiture à dépasser les 100 km/h, la Jamais Contente est peut être aussi la première voiture construite spécialement pour battre un record.
Les premiers records du kilomètre lancé
Ces journées de record sont une idée de Paul Meyan, directeur du journal La France Automobile, le principe en est simple, le long d’une belle ligne droite, — les routes ne sont pas encore goudronnées —, départ au coup de pistolet, un premier chronométrage au bout d’un kilomètre donne le temps pour départ arrêté, un second un kilomètre plus loin donne celui du kilomètre lancé. Beaucoup de candidats se présentent à Achères pour la première tentative.
Le 8 décembre 1898, une trentaine de véhicules sont sur la ligne de départ, le comte Gaston de Chasseloup-Laubat gagne haut la main avec 63,15 km/h pour sa Jenataud Duc contre 25 à 30 km/h pour les autres candidats. Mais Camille Jenatzy, constructeur du CGA Dogcart, principal concurrent de Jeantaud sur le marché des fiacres parisiens électriques relève le défi. Un mois plus tard, le 17 janvier 1899, il atteint 66,66 km/h. Le même jour le Comte de Chasseloup et sa Jentaud dépassent les 70 km/h, 70,31 exactement. Le 4 mars de la même année, toujours à Achères, Gaston de Chasseloup a fait modifier la carrosserie de sa Jentaud Duc, désormais beaucoup mieux profilée, elle pulvérise le record : 92,78 km/h.
Jenatzy, présent sur le bord de la route, pense pouvoir faire mieux. Dans le plus grand secret, il prépare sa Jamais Contente à la maintenant célèbre carrosserie au profil d’obus. Les moteurs sont plus puissants et aussi c’est une première, la voiture est équipée de pneus gonflables Michelin. La première tentative a lieu le 31 mars. Jenatzy demande à ce que la ligne de départ soit déplacée de 200 m, mais on oublie de corriger la ligne d’arrivée, le parcours fait donc 2 200 m ! Résultat : record non homologué. Samedi 29 avril, deuxième tentative, la distance est correcte et c’est l’exploit ! 105,88 km/h affichés sur les tables de chronométrage. Jenatzy est acclamé. Beau joueur, le comte de Chasseloup s’avoue vaincu. Ce record ne sera battu qu’en 1902, le 13 avril sur la promenade des Anglais à Nice. Serpollet et son « œuf de Pâques » à vapeur établissent un nouveau record à 120,8 km/h.
Pourquoi cette voiture a-t-elle été baptisée « Jamais Contente » ? Certains pensent trouver la raison dans le fait que son pilote et concepteur Camille Jenatzy n’était jamais satisfait des résultats. D’autres murmurent, mais ce sont des mauvaises langues que c’était un trait de caractère de… Mme Jenatzy. À ce jour, le mystère reste entier !
Dans cette fin des années 1800, c’est la rivalité entre les voitures à pétrole, électriques et à vapeur. En 1900, la voiture électrique connait ses beaux jours, plus du tiers des voitures en circulation sont électriques, le reste se partage entre essence et vapeur. Les moteurs à vapeur, au point, expérimentés sur les trains et autres machines industrielles sont puissants. Les électriques font de rapides progrès, ainsi que les « pétroleuses », l’exploitation des puits de pétrole américain permet un approvisionnement aisé et c’est la création du lobby pétrolier, qui va gouverner le monde.
Camille Jenatzy fait construire la Jamais Contente à la carrosserie profilée en forme d’obus sur un châssis de Dog car modifié.
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Le record a été rendu possible grâce à deux moteurs électriques (de marque Postel Vinay) d’une puissance maximale totale de 50 Kilowatts (environ 68 chevaux). Ils étaient placés à l’arrière, entre les roues. L’alimentation se faisait par batteries d’accumulateurs Fulmen (100 éléments de 2 watts), qui représentaient près de la moitié du poids total qui était de 1,5 tonne. Les moteurs étaient en branchement direct sur les roues arrière motrices.
À l’initiative du Lions Club, une réplique exacte, en état de fonctionnement, a été réalisée en 1993, par des élèves ingénieurs de l’Université de technologie de Compiègne et par des apprentis en chaudronnerie de la Cité technique Mireille Grenet toujours de Compiègne, sous la direction de Joël Debout, alors enseignant à l’UTC.
J’aime la légende des renfrognés, c’est clair, net, précis, en un mot, c’est technique, ça ne souffre pas l’ombre d’une contestation.
Euh, j’aime le reste du papier aussi…
J’essaie d’imaginer ce que diraient de la Jamais Contente ceux qui me disent à propos de la GT26 : « ça doit être impressionnant de rouler à 100 à l’heure dans cette voiture ».