Un sujet pour Jean-Luc, Patrick R. et tous ceux qui aiment les voitures insolites.
Grand sportif (ski et cyclisme), ingénieur, militaire, pilote d’avion, constructeur de voitures de course… non, ce n’est pas un inventaire à la Prévert, mais l’énumération des compétences d’Arthuer Mallock (1918-1993). En 1936, il est l’heureux possesseur de sa première Austin Seven. Il participe à de nombreux trials, d’abord à moto au guidon d’une BSA, puis, en 1939, il construit sa première voiture de trial sur la base de l’Austin Seven, l’EGP 171. WJ 1515 nommée Bombak lui succède. Mallock est l’un des premiers à équiper l’Austin de freins séparés sur les roues arrière, ce qui permet de virer dans un mouchoir de poche. Mais la Seconde Guerre mondiale interrompt les compétitions.
Période moto.
Premiers trials auto, ce genre de compétitions existe toujours et ces voitures courent encore, c’est le Sporting Trial !
Courses en circuit avec la W J 1515 et look à l’anglaise pour le pilote.
La voiture suit le regard du pilote.
Engagé dans l’armée, il se spécialise dans les télécommunications et le renseignement. Pilote de Dakota à la RAF, il forme aussi des commandos à ski pour des opérations en Finlande. À la fin des conflits, il travaille au centre de documentation du gouvernement, ses travaux sont couverts par la loi sur le secret.
Il recommence alors la préparation de ses voitures, toujours à moteur avant de petites cylindrées, mais, cette fois, pour les courses de vitesse sur circuit. Il vise la meilleure performance, la simplicité et un faible coût, d’où les suspensions à essieu rigide, très légères. L’esthétique est le cadet de ses soucis, seules comptent pour lui la légèreté et la tenue en courbes. Il est considéré comme un des meilleurs concepteurs de suspensions. Parmi d’autres, H. Postletwaite qui sera un des concepteurs des Tyrrel et Ferrari de F 1 ; M. Mosley, qui deviendra un des responsables de la FIA et P. Head, designer des Williams de F1 rouleront en Mallock.
Les U 2
La première U 2 est créée en 1958 pour la formule 1172, qui perdure actuellement. Les Anglais courent encore avec ces ancêtres alors qu’en France nous avons utilisé les Rosengart (Austin Seven construite sous licence) pour récupérer les essieux et en faire des remorques ! En 1960, l’U 2 est adaptée à la formule Junior. On en voit encore sur les circuits et elles ne sont pas ridicules. Les fils et fille d’Arthur Mallock prendront le relais, notamment Ray. Consultant pour de nombreuses marques, il fondra la Ray Mallock Racing Atlantique qui participe au Championnat du monde des voitures de sport. Ray court en historique avec une U 2. Les U 2 seront adaptées à la F 3 et aux formules pour les courses de côte tout en gardant leur silhouette et leur moteur avant.
Fini les châssis rustiques en provenance des Austin Seven, des constructions multitubulaires en tube fin sont utilisées, à l’image des châssis Lotus ou ceux d’E. Broadley.
Deux modèles de carrosserie, toujours à calandre effilée, mais plusieurs modèles d’arrière existent, soit les « culs ronds » soit les « queues de canard ».
Cul rond.
Calandre effilée, le reste de la carrosserie est en panneaux plats d’aluminium, simplicité de la construction.
Cul rond et ailes découvertes… toute une philosophie ?
Une vue aérienne qui permet de bien comprendre le principe Mallock : moteur avant, plutôt central avant décalé sur le côté. Le pilote est assis très bas, les pieds sous les carburateurs. L’arbre de transmission passe à côté de celui-ci. La voiture est relativement étroite, c’est une monoplace !
« Cul plat » un peu le style Lotus Seven.
« Queue de canard » et amorce d’aileron.
Formule 3.
Version refabriquée, elle court en F 3 Historic aux mains de Ray Mallock, le fils. On retrouve tous les principes des Mallock, y compris une profonde indifférence pour l’esthétique.
Suite d’évolution, les avants avec becquet.
On ajoute des pontons, les roues sont plus ou moins couvertes, signes de recherche « aéro ».
Non, ce n’est pas la Toralba de Patrick E. du Spirit Racer Club, mais une carrosserie barquette de Mallock à moteur avant.
Les châssis de U2
Multitubulaires « space frame », peut être du 3/8 de pouce de section, environ 16 mm et épaisseur 12/10e et 9/10 e, ce n’est vraiment pas gros. Je n’ai pas trouvé de confirmation, ni les dimensions principales. Le poids ? Environ 400 à 450 kg selon les versions, certains annoncent 370 kg !
Il y aurait environ une dizaine de U2 premiers modèles fabriqués, si vous en avez, n’hésitez pas à nous envoyer des informations complémentaires, merci.
Voiture très basse, moteur central avant qui dépasse du capot, pilote assis très en arrière, silhouette inhabituelle, long nez et petit cul !
Les châssis étaient brasés.
Le passage de l’arbre de transmission, décalé vers la gauche, à côté du pilote.
Le pédalier est sous les carburateurs, la place est mesurée.
Moteur Ford, Arthur Mallock considérait que le moteur était un mal nécessaire.
Les suspensions, la tasse de thé d’Arthur Mallock.
Premières U 2, elles utilisent le principe des Austin Seven, pont rigide, lames de ressorts cantilever et amortisseurs télescopiques, pont arrière déporté.
Pont arrière rigide et essieux avant oscillants, les deux sont guidés par des bras de poussée, simple et efficace, tout au moins pour des puissances limitées !
Les études d’Arthur sur le guidage d’un pont arrière rigide.
Beaucoup pensent que c’est le meilleur guidage de pont.
Les explications d’A. Mallock : il a beaucoup écrit sur ses travaux, il est venu rapidement à l’informatique pour les calculs des suspensions et châssis.
Des Mallock furent équipées d’un pont arrière type De Dion à roues indépendantes.
Les trains avant.
Dérivé des premières Mallock, l’essieu avant Ford est coupé en deux et articulé au milieu du châssis. Colin Chapman avait utilisé ce principe sur les premières Lotus 7 et 11. Ici, les articulations sont décalées de chaque côté, ce qui allonge le bras de levier et réduit les variations de carrossage.
Train avant articulé au centre du châssis, la crémaillère de direction est articulée sur le même axe.
Essieu Ford coupé en deux, fixé dans l’axe du châssis avec, pour inconvénient, des variations importantes de carrossage.
Le principe de l’essieu avant coupé en deux et articulé au centre de la voiture se retrouve aussi sur les Lotus 6 et 11.
Les articulations de l’essieu sont décalées, ce qui augmente la longueur du bras.
Le principe des fixations décalées se retrouve aussi sur certains Pick Up Ford.
L’articulation du pivot de roue… à l’ancienne, pas d’Unibal, mais de bêtes coussinets bronze et des graisseurs.
On trouve aussi du train avant moderne à doubles triangles superposés.
Les ateliers Mallock d’aujourd’hui : ils continuent de fabriquer ou d’entretenir les U 2, toutes les pièces sont disponibles. Sacrilège, ils fabriquent aussi des versions à moteur arrière.
MK 32 B à moteur central arrière de Vauxhall 2 litres.
Pour s’y retrouver dans les Mallock construites : on peut voir que la MK 2 est construite à 10 exemplaires, la MK 11 a gagné 22 courses sur 23, conduite par A. Mallock himself !
Les répliques, la voiture est simple, ce qui incite à la construire soi-même.
Mallock replica, principe de construction de carrosserie, après une demie maquette dans le sens de la longueur, au 1/4 ou 1/5 (principe des demi-coques de bateaux), les cotes sont reprises pour fabriquer des couples en contreplaqué.
Les espaces sont remplis de mousse, taillés et poncés puis servent à tirer le moule de carrosserie, avis aux constructeurs sans patente, c’est un travail long, fastidieux, loin du « yapuka ».
Pour les passionnés, un livre… rare et cher.
Pour les maquettistes, des versions au 1/43 e… rares et chères !
J’oubliai, il a aussi construit des karts !