Urcy « Revival »
Connaissez-vous Urcy ? Non, pas le charmant petit village situé dans la Montagne dijonnaise, dans les hauts de la vallée de l’Ouche, mais sa route départementale 35 cheminant du parking « Lahaye » dans le vallon d’Arcey jusqu’au Château de Montdilot où séjourna jadis le poète Lamartine ?
Depuis 1954, celle-ci accueille de nombreuses éditions de la course de côte d’Urcy (puisqu’elle y mène) que ce soit en catégorie régionale, nationale, voire en Championnat d’Europe. Si vous tendez bien l’oreille, vous pouvez encore y entendre l’écho des V12 Matra, Cooper Demax ou Chrysler Roc. L’écho s’était éteint il y a six ans, après que l’ASA Bourgogne a cessé de l’organiser.
2024 a vu sa renaissance grâce aux efforts de la même ASA. Pour les seniors du Spirit Racer Club, l’occasion était trop belle de renouer avec ce qui fait le charme de la CC : des montées courtes et éprouvantes, des descentes en convoi où l’on salue les spectateurs et réciproquement et les commissaires de piste et beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps d’attente pendant lesquels on papote ferme avec les vieux renards et les jeunes loups. Pour les plus sérieux (dont nous ne sommes pas), ce temps est passé en peaufinage des réglages moteur ou châssis ainsi qu’à l’éternel dilemme du choix des gommes.
On fait donc le choix de l’éternelle Ford Taunus V6 inscrite en catégorie démonstration et on propose, cette fois à Dominique, transfuge des courses de motocyclistes en circuit de venir se caler dans le baquet de droite pour s’essayer aux sensations sur quatre roues puisque telle est son actuelle reconversion : il vient en effet de se porter acquéreur d’une MGB barquette dont on reparlera.
Pour ma part, Urcy est une vieille connaissance, je l’ai gravie avec diverses montures, plus ou moins bien préparées. Opel Olympia, Golf GTI, Autobianchi, Abarth, MGF et bien entendu Ford Taunus lorsque celle-ci était encore homologuée dans le groupe F, sans compter les « promenades » hors courses lors des week-ends oisifs de ma jeunesse. Bref, Urchy, c’est un peu le bac à sable dans lequel on a bâti nos premiers châteaux.
Trêve de nostalgie, aujourd’hui nous sommes jeunes malgré nos 140 ans cumulés et… ça va ch… ! Voulez-vous nous accompagner ? La Taunus a quatre places et sa banquette arrière, comme à l’époque de l’homologation en groupe I. Ducou, le speaker de l’épreuve qui connaît bien chacun des concurrents rappelle au micro le palmarès de la voiture, mais surtout nous reproche de ne pas porter le nœud papillon comme nous en avions coutume à l’époque.
Feu vert, hurlement du V6, roues arrière qui crient, vous voilà dans le « petit gauche à fond » un peu masqué au départ qui débouche sur un bout droit avec « un gauche insignifiant », deuxième, troisième, bien à fond.
Gros freinage en ligne face au garde-fou extérieur pour « gauche calme » décidant du long droit des tribunes, toujours en troisième, le museau près du rail en légère déclive, puis on s’écarte pour être en ligne pour le « freinage du pont ».
Là, on en profite pour claquer la deux qui entraîne un blocage du pont favorisant l’appel — contre-appel pour passer le « virage du pont ».
On garde la deux pour le gauche suivant qui jette à l’intérieur et qui vous projette vers le rocher (j’y ai griffé une Taunus rouge dans les années quatre-vingt-dix et un collègue du Spirit Racer y a laissé le museau de sa formule Renault lors de l’Urcy historique, il y a quelques mois).
La ligne droite ensuite permet de souffler et d’échanger quelques mots avec Dominique tout en enclenchant la troisième, freinage face à la première balise on passe la deuxième en ligne pour le « droite serré » sur le gauche serre qui embarque un peu, freine pour « l’épingle droit » et on laisse la voiture s’écarter du rocher pour qu’elle ne se freine pas trop.
Ensuite, il faut un peu de cœur (ou de c…) pour passer les « trois gauches à fond » (troisième rapport puis quatrième), car ils sont masqués et il y a pas mal de « gag » derrière la barrière à droite, c’est pour celai qu’il ne faut pas y penser !
Avec l’élan, on arrive vite sur le « gauche moyen » repéré grâce aux balises blanches. On freine face à la deuxième et on prend l’intérieur qui a, d’ailleurs, été bétonné à cet effet.
Celui-ci enchaîne sur un « double droit » un peu piégeux, mieux vaut sacrifier le premier pour passer la deuxième partie en pleine accélération. Il y a de la place à l’intérieur pour un éventuel tête-à-queue, mais pas à l’extérieur où il y a le vide !
Ensuite, on sort de là bien lancé pour un bout droit d’une cinquantaine de mètres qui permet de bien soigner le freinage (face à la première balise) pour l’épingle droite qui suit !
Évidemment, le blocage de pont de la Taunus nous fait passer ça façon crabe avec le nez un peu proche du muret, on fera mieux la prochaine fois.
Encore un petit bout de droit pour le gauche serré qui se cache derrière le gros rocher à gauche, bien piquer à la corde, car il a tendance à vous emmener contre le rail de droite.
À trente mètres (petit parking sablé à gauche) et c’est l’arrivée de la course régionale d’il y a quelques années.
Trente mètres plus loin, même « épingle droite » qu’il y a deux virages, même position, même sortie.
Ligne droite de cinquante mètres pour un gauche moyen intérieur qui vous emmène à l’arrivée.
Voilà, c’est fait, on en fera cinq comme cela vous a-t-il plu ?
Ah oui, j’oubliais, tout cela monte puisque c’est une course de côte !
Dominique semble content de l’expérience, il en redemande puisqu’il fera quatre des cinq montées, la restante étant prise par une jeune femme dont je tairai le nom, car son mari fait quarante kilos et dix centimètres de plus que moi !
Vous l’avez compris, on attend et on discute en bas de la côte ; on attend et on discute en haut. Il y a du temps méridien pour l’apéro et le repas (légers) et il y a du temps après la course. Prendre le temps et du bon temps : la course de côte, c’est fait pour nous.
S’il vous prend l’envie d’aller la gravir un de ces week-ends, je ne peux vous encourager qu’à trois choses :
– roulez lentement, car c’est un lieu touristique connu et les cyclistes en mal de Ventoux y sont nombreux.
– Arrêtez-vous sur l’un des parkings sablés, car les points de vue y sont magnifiques et le vide impressionnant.
– Essayer d’imaginer Beltoise, Pescarolo, Schlesser, Justice ou, plus proche, Jean-Pierre Bouchard dans ces lacets.
Bon rêve !
Nous n’avons pas de photos de la fameuse Ford Taunus de Didier, mais en cherchant dans le paddock on la trouve facilement !
CORRECTION
Merci a Claude Ducou de nous avoir envoyé la photo de la Taunus en action, Claude le speacker qui connais tout le monde et Mde fais les photos
PESCAROLO
Pour les amoureux d’Urcy, il existe un livre avec les photos et les classements.
Pour l’année 2025 sont prévues une montée historique et une course de côte.