La Formule Ford est la formule d’initiation à la conduite d’une monoplace la plus répandue au monde. Apparue en 1967, elle continue de courir de nos jours et existe donc depuis près de cinquante ans. Focus sur la période 1967-1973, dite catégorie A.
Énorme sujet que la formule Ford ! Comment l’aborder ? Une solution, commencer par le… commencement. C’est ce que nous allons faire. Elle a été créée en 1967 par une école de pilotage, la Motor Racing Stables de G Clarke, qui désirait diminuer les frais d’entretien de ses formules 3 à moteur 997 CC au régime impressionnant. Elle opte donc pour les moteurs de la Ford Cortina GT de 1500 CC.
Le choix est pertinent. Pour les écoles, c’est la solution :
— 90 ch à 7500 t/mn ;
— pas de risque de casse ;
— couple bien bien plus élevé sur les petits 1000 CC ;
— conduite facilitée.
Les élèves pilotes peuvent enfin se défouler sans arrière pensée.
Dès 1968, c’est le Cortina 711 M 1600 « Kent » Croslow à admission côté droit et échappement côté gauche qui est utilisé. Il le sera jusqu’en 1993, il est alors remplacé par le lourd Ford Zetec, bloc fonte, 1800 CC, 2 ACT de 135 CV. En 2006, ce dernier laissera sa place au Duratec 1600, bloc alu à 2 ACT de 165 cv, plus léger de 20 kg. En 2010, retour du 711 M en catégorie historique. Nous y reviendrons.
Le moteur Ford Kent Croslow :
— bloc et culasse fonte ;
— chambres de combustion creusées dans les pistons ;
— arbre à cames dans le bloc, les ACT étant interdits en Formule Ford.
À l’origine, les formules sont chaussées de Firestone F100 radiaux de route, 165 x 13 à l’avant et 185 x 13 à l’arrière. Ils sont montés sur des jantes acier de 5,5 pouces, les Américains autorisent les jantes alu.
De 1975 à 1993 ce seront des pneus racing Dunlop ou Avon, un seul dessin que la piste soit sèche ou humide ; on joue seulement sur la pression.
En 1967, Chapman qui a flairé la bonne affaire, produit rapidement un lot de 25 voitures basées sur le châssis de la Lotus 31. La boîte-pont longitudinale à quatre rapports doit provenir d’une voiture de série. Le choix est mince : VW, Fiat, Simca ou Renault. Comme la Lotus Europe est équipée de la Renault, c’est cette dernière qui est choisie. Grâce à l’appui de Ford qui fournit les moteurs, la Formule Ford est née.
Lotus
À la première course de Formule Ford, le 2 juillet 1967, dix Lotus 51, deux Lotus 31, une Brabham, une Piper, une Mallock U2 prennent le départ. Ray Allen la remporte au volant d’une Lotus 31 qui, plus tard, sera renommée 51.
Lotus 51 en 1967, un certain nombre de concurrents utilisent les Lotus Type de 31 anciennes formules 3, motorisées par le Kent et avec les roues étroites obligatoires. En 1968, un montage de la boite quatre vitesses Hewland remplace celle de Renault.
En 1969, la Lotus type 59 de Formule 2 et 3 est proposée en version Formule Ford : c’est la type 59F.
En 1969, la Type 51 évolue en type 61. Sa carrosserie en coin est inspirée de la 56 Indy, c’est le fameux « tube de dentifrice », moteur Lotus-Holbay LH /boite HW MK VI. Par souci d’économie, les suspensions sont articulées sur silent bloc. Pour les saisons 1970 et 1971, le type 61M est équipé d’une carrosserie modifiée.
En 1971, Lotus produit une version routière immatriculable (en Angleterre), équipée d’ailes de Seven, appelé type 69F. Sympa pour aller chercher les croissants le dimanche matin !
1984, première course en France, 17 ans après l’Angleterre ! La formule Ford n’y est pas accueillie à bras ouverts, Formule France et Renault oblige…
Chapman, trop gourmand, croit pouvoir imposer ses conditions. Jim Russel, directeur d’une école de pilotage concurrente, refuse le marché (50 voitures payables d’avance) et se tourne vers un artisan inconnu du nom de Allan Taylor qui fournit sa propre version, la Russel-Alexis. Point capital : la boîte est une Hewland, une vraie boîte de course, dans un carter VW, plus chère que la Renault, certes, mais sur laquelle on peut adapter les rapports. Dans les courses qui suivent, les Russel Alexis prennent rapidement le dessus.
Alexis
La Formule Russell-Alexis Ford est différente. Première voiture conçue spécifiquement pour la nouvelle Formule Ford et non une ex F 3 modifiée, sa nouvelle suspension est spécialement conçue pour les pneus radiaux, Firestone F100 utilisées en 1967 et 68.
Moyeux avant Triumph, l’ancrage des triangles est modifié pour s’adapter à l’épure de suspension choisie.
Les autres constructeurs sautent dans le train et, en 1968, Lotus et Alexis sont rejoints par Lola, Merlyn, Elden, Hawke, Royale, Crossle et même Brabham.
Les ailerons et bavettes sont interdits en 1969.
Lola
Crossle
Elden
Hwake
March
Merlyn
Royale
Titan
Lotus, surchargé, quitte la Formule Ford, revend son stock de pièces et de châssis ; Ralph Firman en rachète une bonne partie et crée sa marque, Van Diemen (qui est l’ancien nom de la Tasmanie). Il utilise les châssis et suspensions de la 59, la voiture est habillée d’une carrosserie maison large et plate, c’est la FA 73, la base Lotus sera utilisée jusqu’en 1977. Une quinzaine de RA 73 sont produites.
Van Diemen
Monark
Cadwell
Eagle
Mallock U2
Magnum
Jomo
Ferre Canada
Huron
BWA Italie
Dulon 1968
Paliser
Tecno
Zink
1972-73 est une sorte de point de rupture. Chez certains constructeurs, la technologie évolue. Les amortisseurs sont rejetés à l’intérieur des carrosseries, les radiateurs de refroidissement sont dans les pontons, les carrosseries sont plus étroites, les châssis plus rigides.
Les Formules Ford historiques sont réparties en trois classes :
— classe A, de 1967 à 1973 que nous venons de découvrir ;
— classe B, de 1974 à 1981 ;
— classe CR.
Règlements et sources : formula-ford-historic, forum Autodiva, LesVan Diemen M. Delannoy, éditions du Palmier.