Un nouveau rallye régional bourguignon à Bligny-sur-Ouche

Didier, qui avait fait fonction d’ouvreur au rallye de Monte-Carlo 2024 (son récit est ici), et Nick décident d’y participer. Très gentiment ils nous font vivre le rallye de l’intérieur.

Avec le Spirit Racer Club, être « démonstrateur » au rallye de Bligny-sur-Ouche

Au Spirit Racer Club, comme dirait notre blogueur préféré, on aime les challenges « à la con ».

Comme notre voiture s’éternise un peu en reconstruction après le tonneau du rallye des Hautes Côtes de l’année dernière, on a décidé d’inscrire la Ford Taunus V6 en « démonstration » en préambule du premier rallye régional de Bligny-Sur-Ouche coorganisé par nos amis de l’écurie automobile des Climats de Bourgogne (pour la partie technique et logistique), l’ASA Côte d’Or (pour la partie administrative) et Ghislain Barbier (pour la partie sportive et communicationnelle).

La « démonstration » consiste à présenter sa voiture au public, sans chronométrage, mais dans les conditions de course (départ échelonné, route fermée, sécurité et logistique du rallye officiel). PAS de notes, PAS de casque, PAS de radio, PAS d’instrument de navigation, PAS de temps à battre, MAIS le plaisir de conduire de manière soutenue dans les meilleures conditions de sécurité possibles. La règlementation de la FFSA impose que pilote et passager (on ne dit pas copilote, car il n’y a pas de notes prises dans les épreuves spéciales) soient titulaires d’une licence d’une Fédération.

Jusque-là, rien d’extraordinaire dans l’engagement à ce rallye de démonstration.

Pour ajouter un peu de « fun », je propose à Nick (le seul membre du Spirit Racer Club exclusivement anglophone, mais titulaire d’une licence française) de m’accompagner dans cette aventure afin qu’il profite pleinement du bain de langage et de l’ambiance particulière des rallyes, lui qui est plutôt habitué aux courses en peloton, au volant de sa magnifique MGB, aînée de 10 ans de la Taunus du jour.

« Oh yes ! With great pleasure ! »

Oui, mais il faudra quand même lire le roadbook dans la langue de Molière… Entre ma proposition et le départ, le grand Nick dispose tout de même de deux semaines pour assimiler les subtilités de notre langue maternelle et les abréviations du roadbook (SRP = Suivre Route Principale, par exemple). Nous comptons sur les cours accélérés de Stella, sa chère femme, qui, elle, maîtrise parfaitement nos alambics grammaticaux. Aux nombreux coups de fil de l’apprenti britannique, je finis par comprendre qu’il stresse lui-même un brin à l’idée de cette expérience particulière.

Bon, nous voilà le samedi 11 mai sur le parc de départ devant l’Hôtel de Ville. Belle organisation et bel écrin pour ce rallye. Nick est venu à pied… il habite à 300 mètres ! Les copains sont là et les présentations sont bilingues pour expliquer notre affaire :

« Mais… il ne parle pas français ?

  • Ben non, pas beaucoup, mais il apprend ! »

Les « démonstrations » partent en premier. Ducou, le speaker, ne commente pas au départ des voitures, mais au retour de la première boucle, quand les concurrents montent la première fois sur le podium. Cette particularité va nous être fatale…

Assis tranquillement sur un banc devant la mairie, Nick et moi devisons des avantages et inconvénients comparés du V6 Essex (anglais) et du V6 Cologne (allemand) qui ont équipé tant de Ford, dont la mienne. Arbre à cames, pistons, culasses… les traductions sont complexes et chronophages ! À un moment de répit dans la conversation, nous n’apercevons plus nos petits camarades de jeu… Ils sont partis… depuis 20 minutes !

Les démarches auprès des commissaires et du directeur de course seront vaines : nous avons manqué notre tour et donc un tour de « course ». Nous sommes cependant autorisés à débuter notre démonstration au deuxième tour… dans plus de deux heures !

« Bon ?! Que faisons-nous ?

  • One beer ? À la maison ? hasarde Nick.
  • OK, ce n’est pas loin. »

L’équipage franco-britannique ne perd pas l’occasion de trinquer à l’Entente cordiale.

Bien sûr, on est même un peu en avance pour le deuxième tour… on ne sait jamais ! La voiture démarre… c’est un jour de chance. Assistance rapide (30 minutes) et début du parcours routier. Nick fait des efforts remarquables pour ne pas nous perdre, même si ses « à goch ! », accompagnés d’un signe de la main pour tourner à droite, doivent mériter une explication :

« Non, non, ça, c’est la droite !

  • Oh yes ! Sorry ! »

Après c’est parfait !

On arrive au départ de la spéciale de Painblanc : 13 km de bonheur alternant rapide, enfilades et épingles. Bravo pour ce choix Ghislain ! On parle peu, la Ford est bruyante et je suis un peu occupé à la garder sur la route, car elle est éprise de liberté. Je la soupçonne de vouloir aller brouter l’herbe fraîche… elle nous a souvent fait cela dans une autre vie, quand elle participait aux rallyes modernes des années 90. On rattrape quand même les copains en Clio et on s’arrête pour laisser de la marge. La fin de la Spéciale est archi rapide ; on est en 5 bien soutenue et ça se dandine (pas Nick, la Ford !). Le passager est plutôt stoïque… Ah, le flegme anglais ! On passe la ligne :

« Very well, thank you ! »

Je la joue grand prince, mais j’ai quand même chaud sous les bras ! Cette voiture de 50 ans et mon copilote de presque XX ans ont été à la hauteur.

Le deuxième tour est l’occasion de demander un peu d’écart de temps avec le concurrent précédent : chacun roule « à sa main », mais il est interdit de doubler. Les spectateurs sont nombreux ; la Ford les salue d’une glissade ou deux ; les buffets égayent le paysage, mais on ne peut pas s’y arrêter. Nick a mémorisé certains virages et me les annonce, en franglais, s’il vous plaît ! Il est plaisant de nous voir nous prendre au jeu. On ferait un sacré équipage avec quelques cours de plus. « S’il te plaît Stella, fais ça pour nous ! »

C’est super d’être à l’arrivée et de partager ses sensations avec les camarades du jour.

« La prochaine, c’est quand ? »

  • Ben, on fait une course d’endurance à Charade avec Nick et la MGB à la fin du mois, au milieu des Ford GT40 et Jaguar type E. Là, je fais moins le malin, car il va falloir faire un truc que l’on ne fait presque jamais en rallye : regarder dans les rétros ! ».

Nick sera dans son élément et ce sera mon tour d’être le « rookie ».

L’équipage du Spirit Racer Club en action.

 

 

 

Beau plateau, excellente organisation, en accord avec les communes traversées, le rallye de Bligny-sur-Ouche est une réussite.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Merci à Didier et Nick de nous avoir fait revivre ce beau rallye sans oublier Corinne pour la saisie du texte.